Journal Intime #1: la lame et l’insensible

silhouette noire diforme à travers une porte

Longtemps, j’ai fait ce rêve, ce rêve qui succédait un couché recroquevillé, une peine inavouable et des larmes non essuyées.

Longtemps, j’ai fait ce rêve aux allures cauchemardesques, aux sentiments noyés dans une certaine ivresse.

Et dans ce rêve anxiogène, oppressant et qui me forçait à combattre mes démons, je décidais inlassablement de me poignarder. D’un geste prompt s’enfonçait dans une plaie indolore une lame, comme pour me libérer de cette boule au ventre qui me consumait.

Chaque soir, je m’endormais, imaginant au dessus de moi, un homme se tenir, stoïque, impassible, brandissant une lame, prêt à me donner ce coup fatal. Et chaque soir, la lame s’enfonçait dans ma chair mais ce n’était pas lui qui portait ce coup. Je m’étais saisi de la lame, devenant moi-même mon propre bourreau.

Cet homme incarnait mes peines, mes échecs, mes remords et mes regrets, mes déceptions, mes sentiments inavoués ou refoulés, mes hontes, mes craintes, mes peurs et un brouillard épais qui lui donnait l’apparence d’une ombre, sans visage ni émotions.

Et chaque soir, la lame se retournait contre moi, parce qu’il n’était pas la source de mes maux et que je me blâmait inlassablement de ne pas avoir le courage de l’affronter . Parce que foncièrement, ce n’était qu’un combat intrinsèque.

Et chaque soir, j’espérais avoir ce courage de l’affronter, de retourner la lame contre lui ou simplement de lui parler. Il ne m’a jamais rien dit, la seule aura de sa présence se prononçait comme on clame un discours. Sa seule présence me pointait du doigt, m’enfermant dans ce qu’il me restait d’estime, me plongeant dans un bain d’interrogations et de remises en questions. Sa présence avait l’autorité de la pression qui pèse sur moi, le fardeau de mes maux, enfonçant mon enveloppe corporelle dans les tréfonds de mon dédain. Essayant d’échapper dans les méandres de mes songes, je trouvais un échappatoire dans une mort insensible.

Puis le geste s’est banalisé et la détresse s’est accrue. J’en suis un jour venu à m’endormir, des jours durant, la tête reposant sur un coussin sous lequel chaque soir j’y glissais une lame. Chaque soir, j’espérais avoir le « courage » de la saisir pour enfin me libérer des chaînes que je brisais la nuit tombée dans mon sommeil. Ces chaînes qui m’étouffaient lorsque mes yeux étaient ouverts. Longtemps, j’ai dormi avec ce couteau, me réveillant la larme à l’œil en le retrouvant à l’aube là où il avait reposé toute la nuit.

“ Everybody dies in their nightmares. ”

– XXXTENTACION

Je n’avais pas peur de la mort, je la pensais libératrice. J’avais peur de la douleur, une peur panique. Quelle soit physique ou morale, je n’étais pas en capacité de mettre fin à mes jours car je redoutais de devoir passer par cette étape, l’étape d’une souffrance physique telle qu’elle éteindrait chaque vaisseau de mon corps. Je vivais des « ans d’attente et de fatigue, à ne pas avoir la force de vivre, ni celle de [me] supprimer ».

Et quand la mort ne pouvais plus être un échappatoire au réveil, il a fallu franchir le Rubicon. Ainsi naquit le refoulement. Toute cette colère, toute cette tristesse, tout avait été enterré, détourné, dissimulé…pour finalement ne plus rien ressentir. « Vacuité », c’est comme cela que je dénommerai ce chapitre de ma vie. J’étais détachée de tout et de tous, insensible au bonheur comme aux déceptions. Le regard vide, l’énergie lente et la parole amoindrie. Je n’étais plus capable d’être ou d’aimer, d’apprécier ou d’être déçue, de m’emporter ou de me morfondre. Plus rien n’importait, je n’avais ni ambition ni dessein. Les répercussions devenaient physiques, je m’affaiblissais, me laissant dépérir dans cette fatalité que je m’efforçais d’accepter, comme si tout était le résultat du « sort » et qu’on ne pouvait ni s’en réjouir ni s’en apitoyer.

“ Ce ne sont pas les émotions qui me gênent. C’est leur absence. ”

Øystein Stene, Zombie nostalgie

“ Tu veux savoir ce qu’il y as de pires que les débordements d’émotions? C’est le vide qu’ils te laissent après. Cet état conscient/inconscient qui te paralyse et t’empêche de vivre. ”

@DANSLATTENTEDUNEBELLEVIE – TUMBLR

Puis je me suis laissée aller. J’ai laissé le courant de la vie m’emporter au rythme des péripéties, m’octroyant le droit de VIVRE: d’expérimenter, d’aimer, d’être aimée, de prendre des risques quitte à être déçue, d’essayer, de m’approprier ma propre existence pour enfin EXISTER. Car vivre, c’est se sentir, apprendre à se connaître, apprendre des autres et de nos expériences. Vivre c’est aussi se battre, c’est un processus long et évolutif pendant lequel on doit s’accorder le droit d’échouer, de sourire, de s’aimer, d’oser: un combat contre la fatalité, la comparaison et le regard d’autrui. La vie, c’est aussi un combat contre soi-même et je ne pense pas qu’aujourd’hui il y ai UNE solution pour la croquer à pleine dent et balayer le doute, l’appréhension, l’insécurité, la fébrilité et le mal-être. Le but étant aujourd’hui d’accepter de se faire aider et de tendre la main à qui la saisira, de s’autoriser d’appeler à l’aide, de consentir à la guérison en étant honnête avec soi-même. Et cette guérison passe par la prise de conscience de notre propre condition et par la confrontation directe à nos maux.

Pourquoi attendre inlassablement que la vie devienne celle qu’on veut qu’elle soit pour l’apprécier. Essayons d’embrasser la reconnaissance en nous focalisant sur le positif. Comme le dit Léna Situations « +=+ »: la théorie de cette loi de l’attraction ou l’hypothèse d’une psychologie positive. Cette persuasion propre à la méthode Coué basée sur l’autosuggestion.

Chaque expérience est unique et il faut s’octroyer le droit de ne pas avancer au même rythme qu’autrui, de ne pas avoir les mêmes expériences et occasions mais de faire en sorte d’apprécier sa propre vie et de penser positif pour attirer ce positif.

N’ayant pas la science infuse, je suis ouverte aux conseils, aux témoignages d’expériences, au débat. Chaque conseil peut ne pas s’appliquer à tous et varier en fonction du vécu, de l’entourage, des conditions identitaires propres (sexe, CSP, croyances religieuses, appartenance culturelle ou ethnique),.. Le but étant, à travers ce blog de partager mon expérience et mon savoir, aussi modeste qu’il soit, afin d’apporter une certaine représentation (témoignage d’expérience) voire un quelconque soutien.


AND DON’T FORGET TO EMBRACE YOUR PERFECT IMPERFECTIONS!


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